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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 13:25

 

La domination sans partage des coureurs kenyans et éthiopiens s'explique par des raisons culturelles, climatiques et physiologiques. Secrets de fabrication avant le marathon de Paris.

Une fois encore, à n'en pas douter, ils seront là, dimanche, aux avant-postes du marathon de Paris. En rangs serrés, la foulée aérienne, le regard exclusivement tourné vers la victoire et imprimant un train d'enfer. Mais ce qui est valable sur le macadam parisien le sera à coup sûr lors des marathons de New York, Londres, Chicago, Berlin, Boston, Rotterdam ou Amsterdam. Pour ne citer qu'eux. Cette domination sans partage des coureurs africains natifs de la Vallée du Rift (Kenya et Éthiopie, mais aussi Ouganda, Djibouti, Tanzanie, Érythrée, Soudan, Somalie) s'exerce maintenant depuis une bonne quinzaine d'années. Mais comment expliquer un tel succès ? Comment justifier une telle densité ? Éléments de réponse en sept points.

  

  

 

 

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1. Une enfance à galoper
Dans cette région du monde, où les moyens de locomotion ne courent pas les rues, se déplacer à pied est le système le plus utilisé. Ainsi, dès leur plus jeune âge, les enfants scolarisés s'élancent tôt le matin de leur village pour s'en aller rejoindre leur école. À défaut de bus ou autre ramassage scolaire. Parfois chaussés, souvent pieds nus, ils peuvent parcourir jusqu'à 20 km par jour, pour atteindre une moyenne hebdomadaire de 150 km. Dans ces conditions, ces gamins des hauts plateaux développent dès leur enfance des capacités d'endurance et emmagasinent un volume foncier comme nul autre bambin au monde.

 

 

 

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2. Des dizaines de camps
La réussite des coureurs kenyans et éthiopiens repose essentiellement sur l'existence de camps d'entraînement, privés, financés par les stars africaines elles-mêmes, montés par les équipementiers (Fila, Puma, Nike, adidas) ou contrôlés par l'État. Dans ces camps, " tu cours, tu manges, tu dors, tu cours, tu manges, tu dors, tu cours... ", résume Benoît Zwierchiewski, co-recordman du marathon qui a passé six semaines de stage au Kenya en 2001. Le coach irlandais Colm O'Connell fut le premier à implanter une structure au Kenya dédiée à la course à pied, dès 1976. Aujourd'hui, on en dénombre, par exemple, des dizaines au Kenya. Certains sont d'une extrême rusticité, avec réfectoire en terre battue. D'autres sont à la pointe de la modernité, comme le Great Rift Valley Sports Services Ltd, doté d'un sauna, de deux salles de musculation et de fitness, d'un cabinet de physiothérapie et d'une buvette. "Dans le camp où j'étais, à Katagat, se souvient Benoît Z, il y avait le strict minimum. Un confort limité, un simple filet d'eau dans la douche. Mais t'es pas là pour passer des vacances." Comme lui, des athlètes venus de toute l'Europe, mais aussi d'Afrique et d'Amérique, viennent désormais passer quelques semaines de stage dans ces camps d'entraînements pour s'aguerrir.


3. Une prépa commando
" Jamais un Européen ne pourrait endurer à l'année ce que supportent les Africains. " Cette réalité, assenée par le docteur Rosa, en charge de l'entraînement de nombreux coureurs kényans, est parfois violente à supporter. " J'avais l'impression d'être en compétition tous les jours, poursuit Benoît Z. Tous les trainings étaient menés tambour battant par une quarantaine de coureurs de très haut niveau qui couraient chaque jour à allure de compétition. " Avec parfois jusqu'à trois entraînements par jour (6 h, 10 h, 16 h), les Africains ne négligent rien. Ni la quantité ni la dureté de l'effort, on l'aura compris, mais pas non plus la qualité, puisqu'ils s'astreignent à un énorme travail spécifique et technique axé sur la coordination, le passage de barrières ou des exercices d'équilibre.


4. Une saine émulation
Malgré l'intensité, l'intox et les coudes à coudes de l'entraînement, tous les coureurs vivent et cohabitent en parfaite intelligence. " Le sport, ce n'est pas la guerre, explique Moses Tanui, ancien double champion du monde sur piste. Courir signifie partager. Alors, quand les jambes te brûlent et que la douleur finit par te rattraper, ce sont les autres qui te poussent et qui t'aident à dépasser tes propres limites. " C'est donc l'esprit libéré de tout conflit d'intérêt que les coureurs africains se livrent sans ménagement. " Il y a pas de jalousie, confirme Benoît Z. L'ambiance est extraordinairement saine car tous sont là pour faire le boulot et aller à la mine. Courir est un vrai métier là-bas. "

 

 

 

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5. Pour fuir la misère
Facile, universelle et ne demandant pas d'équipement coûteux, la course à pied est devenue le principal moyen pour les habitants de s'extraire de la misère. "Ils ne cherchent pas la gloire, souligne Jos Hermens, agent de Gebreselassie, qui a ouvert deux camps d'entraînement au Kenya. Courir, c'est seulement le moyen d'être riche et de s'en sortir." En cas de succès dans une grande course internationale, c'est le jackpot assuré, puisqu'une victoire à un marathon de prestige permet d'empocher, d'un coup, l'équivalent de vingt ans de salaire moyen !


6. Un cadre idéal
Tous les camps d'entraînements sont situés sur la région dite des hauts plateaux, perchée entre 1 600 et 2 200 mètres. À cette altitude, la concentration de globules rouges est naturellement plus élevée qu'au niveau de la mer. Le sang est mieux oxygéné, ce qui équivaut à un " dopage " naturel. Dans ce contexte, les athlètes africains se sentent comme dans un fauteuil lorsqu'ils s'alignent sur des compétitions qui se déroulent en plaine. Ils utilisent bien mieux l'oxygène et peuvent davantage maîtriser une vitesse qu'ils ont eu du mal à tenir dans l'air appauvri de leur fief. "S'entraîner au Kenya, c'est dur, raconte l'athlète Gambien Ansu Sowe. Mais si on travaille dur, après, c'est plus facile de courir à une altitude moins élevée."

  7. Un truc en plus
Ces coureurs au poids léger et aux longs segments (en particulier les jambes) avaient un physique taillé pour la course à pied. Il est évident qu'un poids lourd râblé ira toujours moins vite qu'un poids plume effilé.

 

 

 

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Un petit aperçu supplémentaire de ce qui les rend plus fort :

 

"Hakimbii haraka kwa sababu ana mguu mmoja." "Il ne peut pas courir vite parce qu’il n’a qu’un seul pied." Japheth Kimtai est déçu pour son frère Shadrack. Il ne peut pas courir avec lui. Il n’a qu’un seul pied. Il s'est blessé dans un accident quand il était à l'école primaire. "Aveugle, à la rigueur, il aurait pu le faire, mais là, avec un pied, c’est impossible. Il doit se consacrer à autre chose, le pauvre." Japheth est originaire de Marakwet, une région qui se trouve dans les Highlands, ces hauts plateaux qui traversent le Kenya du nord au sud. Japheth a vécu les douze premières années de sa vie à Marakwet. Mais avec son frère, il a décidé d’aller vivre à Dagoretti Corner, dans les faubourgs de la capitale Nairobi, dans un centre qui recueille et éduque les enfants de la rue. "Cette école est beaucoup moins chère qu’à Marakwet. Elle offre des prix avantageux à tout le monde, surtout aux athlètes." La course, comme test d’entrée, était difficile. "Tant de jeunes prétendent être des coureurs juste pour y étudier."

Au Dagoretti Corner Rehabilitation Centre (Centre de Réhabilitation de Dagoretti), ils sont plus de 1000 à vivre, comme Japheth et Shadrack, entassés sur les deux étages et demi de quelque trois ou quatre bicoques qui se collent et se juxtaposent dans un mélange de couleurs et d’odeurs détonant. Le centre est dirigé par Enos Oumo, un pasteur ougandais. Il connaît des mécènes en Amérique qui le sponsorisent." La nouvelle a vite fait le tour du Kenya et, de partout, les jeunes migrants ont afflué pour y trouver un refuge. "Je n’ai plus de places, mais je ne peux pas les refuser," raconte Enos. Ils étaient 500 en 2002. La montée des effectifs est telle qu’Enos envisage aujourd’hui de construire des succursales ailleurs au pays.

Son centre est aussi connu parce que plusieurs des meilleurs athlètes du pays y ont séjourné. "L’idée, c’est d’aider les talents pour qu’ils nous supportent une fois qu’ils percent," dit Enos. "Souvent, ils nous oublient." Mais l’école à sa réputation. Et depuis, les Kenyans, superstitieux, tentent leur chance au même endroit. Japheth est arrivé il y a deux ans. "C’est là que je me suis dit que je voulais vraiment devenir un coureur." Avec une vingtaine d’autres jeunes, il s’entraîne tous les jours deux fois. Sauf le dimanche bien sûr. "C’est le jour de la messe."

Dagoretti Corner, dans la location de Riruta, se trouve à côté de Kawangware et de Kibera, deux des plus grands bidonvilles de Nairobi. Ils accueillent à eux trois un bon million d’habitants tous plus pauvres les uns que les autres. Les taux de criminalité, de drogués, de pollution et de pauvreté y sont parmi les plus élevés d’Afrique. "Moi je peux m’extraire et courir mais mon frère a dû se consacrer à autre chose," continue Japheth. Avec un pied, il n’avait guère le choix. "Il est devenu fou, il s’est mis à fumer et à boire. Quand on n’a rien à faire ici, on sombre vite." Les taux de chômage sont très élevés. Beaucoup, donc, sombrent.

 
 
 

Japheth s'entraîne chaque jour sur "the field". Il passe devant les deux acacias isolés. 

Japheth, lui, a choisi de courir. Pour fuir la pauvreté. Heureusement, il y a pas loin un champ désaffecté. "Il est très connu ici. On l’appelle the field [le champ]. Tous les sportifs s’y retrouvent." Ses deux kilomètres de circonférence désaffectés voient des herbes hautes, de la savane, deux acacias isolés au milieu, une route d’un côté (la dénommée Ngong road car elle relie la capitale au village de Ngong une dizaine de kilomètres plus loin), des oiseaux noirs et une forêt en toile de fond de l’autre côté (la redoutée car malfamée Ngong forest). "On ne s’aventure pas là-bas," dit-il. Avec ses compagnons, c’est autour de ce champ qu’il s’exerce chaque jour. "On fait le tour trois à quatre fois, ça dépend." Japheth a des vieilles chaussures qu’il a réussi à acheter au marché de Kawangware il y a deux ans. "Elles étaient toutes propres mais je savais qu’elles avaient déjà servi en Europe ou aux Etats-Unis avant d’être données aux Africains. Je sais aussi qu’elles sont données gratuitement mais qu’ici on les revend. Elles m’ont coûté cher et elles sont trouées mais je les utilise tout le temps. C’est mieux que de courir pieds nus."

Japheth a 18 ans. Il court en général à l’aube, de six à sept heures. Ensuite, il va à l’école, celle du centre qui l’accueille. "Les classes sont bondées et on n’apprend rien." Ils sont plus de soixante-dix élèves pour un ou deux professeurs, des jeunes bénévoles, et ils se serrent dans des locaux réduits, trois à quatre par pupitre. "L’école publique, ce n’est pas forcément mieux," dit-il. La course passe avant. « L’école ne nous apportera pas de travail c’est sûr. Par contre avec la course il y a un espoir." Japheth, Bernard, Robert, Eric et les autres athlètes du centre retournent généralement au champ vers seize heures. "Le plus souvent, l'après-midi, on fait du progressive training." Ils commencent lentement mais accélèrent à chaque tour avant de s’emballer sur des vitesses de pointe. Japheth arrive régulièrement en tête. "Quelquefois, on s’exerce aussi à dix heures. Mais alors on se focalise sur la vitesse en faisant des sprints longs."

Bernard et Robert, eux, sont blessés depuis deux semaines. Ils ne peuvent plus courir et attendent que ça passe. Ils se rendent quand même au champ et se reposent sous un des deux acacias en attendant les copains. Ils n’ont pas d’argent pour se payer un médecin. Ils attendent, ils languissent, ils se morfondent. En réalité, ils attendent tous. Ils espèrent être repérés ("spotted"). Spotted est un mot-clé du vocabulaire de la course kenyane. C’est ainsi que les coureurs percent. Japheth et ses amis participent à des courses locales. Ils essaient d’être performants et, s’ils ont de la chance, peut-être un agent ou un entraîneur les repérera. Il pourrait alors leur proposer de rejoindre une équipe locale. Premier pas, qui sait, vers le Graal: les compétitions des circuits américains ou européens. "Enos nous donne quelquefois de l’argent quand il en a, ce qui nous permet de participer à certaines courses. C’est cela notre vie. On s’entraîne tout le temps, on tente de récolter de l’argent pour pouvoir participer aux courses, on essaie de bien faire et de se faire repérer, spotted."

"C’est comme ça que le champion Paul Tergat a débuté, c’est ainsi que toutes les carrières ont commencé." Les meilleurs coureurs sont aussi nantis que connus au Kenya. Ce sont leurs exemples qui donnent autant d’espoirs à Japheth, Robert, Bernard, Eric et tellement d’autres. "Ils sont nos modèles." Il y en a même un qui est aveugle. "Henry Wanyoike. Il est connu partout en Afrique de l’Est. La course lui à permis de s’extraire de la pauvreté et de courir à travers le monde." Wanyoike a gagné la médaille d’or sur cinq et dix kilomètres aux jeux paralympiques d’Athènes en 2004.

Pas étonnant donc que tous s’entraînent. Les abords de la Ngong road accueillent des centaines d’athlètes tous les matins. De six à sept heures, la terre rouge et poussiéreuse qui fait guise de trottoir entre la route et la forêt ou les bidonvilles s’élève non seulement sous les vibrations d’une circulation effrénée mais aussi sous les foulées des coureurs. De l’autre côté de Kibera par contre, là où Charles Ngau habite, il n’y a pas de place et les premiers embouteillages se forment vers les six heures. "Il faut donc partir avant le lever du soleil. Je cours de quatre à six heures sur Mbagathi et Valley roads avant de rejoindre le quartier de Westlands puis Gichuru et enfin Ngong road." En d’autres termes, Charles traverse la partie ouest de la capitale à chaque aurore. "Je suis un marathonien que voulez-vous? J’ai commencé il y a deux ans. Pour l’instant 2h16 est mon meilleur temps sur la distance. Mais il va falloir faire mieux." Comme la plupart des coureurs du coin, Charles et Japheth se connaissent bien: ils se sont entraînés ensemble sur le champ.

Paul, lui, est chauffeur de taxi. Il travaille toutes les nuits et se méfie. "Il y a tellement de coureurs au petit matin que les brigands n’hésitent pas. Ils mettent des trainings, et courent. Mais en réalité, ils font semblant de s’entraîner. Les gredins se déguisent en coureur. Ils cherchent à endormir les méfiances afin de pouvoir se rapprocher au plus près de leurs victimes avant de les attaquer et de les dérober. Je me suis déjà fait avoir deux fois. C’est dangereux de travailler la nuit ici, il faut se méfier de tout le monde."

C’est sûr les conditions d’entraînement ne sont pas les meilleures ici. Japheth, Charles et tous les autres confirment: "C’est dangereux, pollué et il n’y a pas de bons coachs pour nous conseiller. On serait tellement mieux à Iten ou à Eldoret."

 

 

Ceci est le premier châpitre du livre écrit par le journaliste Richard Etienne: 

Le pays des coureurs: dans la foulée des Kenyans

 

 

  La course à pied : un sport importé

Plusieurs théories (génétique, physiologie, régime, pauvreté, altitude, mode de vie, etc.) ont tenté de rationaliser la domination est africaine sans jamais faire l’unanimité. D’autres éclaircissements, moins médiatisés, expliquent pourquoi il y a plus de bons coureurs au Kenya qu’en Ethiopie, pays qui a pourtant produit plus de grands champions.

Il faut remonter dans l’histoire. Un chercheur anglais, John Bale, rappelle dans son livre Kenyan running qu’au début du siècle, les notions de courir pour le plaisir, de sport ou de compétition n’existaient ni au Kenya ni en Ethiopie. Ce n’est qu’avec la colonisation que les choses changent ; mais seulement dans la région qui allait être baptisée Kenya, les populations du Nord ayant réussi à repousser les assaillants italiens. Les missionnaires anglais se mirent à organiser des activités sportives dans les écoles kenyanes. Celles-ci évoluèrent vite en journées sportives et en compétition.

 

 

 

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Les mentalités s’adaptent rapidement à ces nouvelles activités. Une fédération athlétique puis une équipe nationale voient le jour dans les années 1950. On construit même un stade à Nairobi. Les résultats suivent rapidement. En 1968, la délégation kenyane rafle 8 médailles aux Jeux Olympiques de Mexico. C’est l’ère de leur domination en course à pied qui commence.

O’Connell se souvient : « Quand je suis arrivé au Kenya en 1976, les compétitions sportives entre écoles étaient déjà très répandues. Les gagnants s’affrontent à chaque fois dans une catégorie supérieure. On va ainsi des communes jusqu’au niveau national et chaque course est une occasion de repérer un talent. En plus, ils ont vite réalisé qu’ils étaient rapides. Le nombre de Kenyans qui s’entraînent n’a pas cessé de croître, surtout ces 15 dernières années. C’est pour ça que le pays compte tant d’athlètes. »

 

 

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Ethiopiens plus professionnels en athlétisme

En Ethiopie, les notions de sport et de compétition n’ayant pas été importées, les gens s’entraînent moins. « Le mode compétitif ne s’est encore pas inscrit dans leur culture, » explique Lornah Kiplagat, détentrice hollandaise d’origine kenyane du record du monde sur demi-marathon. « Ils ont donc moins de coureurs. » « Ceux qui percent par contre sont beaucoup mieux entraînés, » répond Renato Canova, coach pour marathoniens au Kenya. « L'Ethiopie ne recherche pas les nouveaux talents comme le Kenya ; mais les rares qui sortent du lot bénéficient de conditions d’entraînement bien meilleures . C’est aussi l’influence du communisme. Ils ont plus de fierté nationale, estime-t-il. Au Kenya, la fédération ne fait pas un bon travail. Il n’y a guère plus de cinq coachs d’excellente qualité. Or un bon coach améliore de 5% les résultats de coureurs. Au meilleur niveau, c’est énorme. La fédération éthiopienne, plus professionnelle, s’occupe mieux de ses athlètes. »

 

 

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Mais les choses changent. « On commence à mieux s’entraîner au Kenya et en Ethiopie, avec l’influence de Kenenisa et de Haile, les gens se mettent à courir, » fait Kiplagat. « La compétition entre les deux pays s’annonce donc très serrée. Elle devrait nous rendre tous plus forts. » Ce qui ne présage rien de bon pour les athlètes du reste du monde qui ne semblent pas près de trouver la faille pour détrôner leurs rivaux est africains.

Les Kalenjins, infatigables coureurs

Au Kenya, 80% des meilleurs coureurs viennent d’un groupe ethnique, les Kalenjins. Ils sont environ 3,5 millions, ce qui représente 10% de la population du pays. Sur les 56 Kenyans parmi les 100 meilleurs marathoniens du classement de la fédération athlétique mondiale (IAAF), 48 sont des Kalenjins. Autrement dit, 0,05% de la population mondiale produit aujourd’hui 48% de ses 100 meilleurs marathoniens !

Leur mode de vie guerrier, pasteur et nomade a sûrement contribué à leurs qualités d’athlètes. A travers l’Afrique de l’Est d’ailleurs, la plupart des meilleurs coureurs sont issus de groupes ethniques pasteurs : les Oromos d’Ethiopie, les Sebeis d’Ouganda, les Tutsis et les Kalenjins.

Les Kalenjins vivent sur les hauts plateaux au nord-ouest de Nairobi. Relativement concentrés, ils connaissent tous un voisin qui a couru et gagné en Europe ou aux Etats-Unis. C’est ce qu’on appelle l’effet boule de neige. « Quand mon prochain gagne à l’étranger alors qu’il ne court pas forcément plus vite que moi, alors moi aussi je peux le faire. » Ainsi parle Luke Kibet, champion du monde du marathon aux championnats d’Osaka en octobre 2007. Et beaucoup pensent comme lui.

 

 

 

 

   

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